« Le penseur malgré lui », Alain Deheurles, sculpteur.
Aux éditions Abatos :
Écailles de feu est un récit de l’intime.
La femme au chien jaune est aussi une quête de l’autre.
De sel et de cendre où ces figures de la mythologie sont si présentes.
Aux éditions Myosotis :
Le semeur de lumière est un récit initiatique.
Poussière de plume est un recueil de poèmes de chair et de vie.
Par la qualité de la typographie, le choix du papier, de la mise en page, avec le concours d’artistes, Christine Gros continue aussi l’œuvre de transmission du livre.
« Quand on évoquait devant moi le terme d’“écrivain public”, j’en ai eu longtemps une représentation d’Épinal. Je m’imaginais quelqu’un maniant bien la plume et rédigeant des lettres pour une personne le plus souvent indigente et analphabète.
Telle n’est pourtant pas la réalité de ce métier aussi exigeant que passionnant et que j’ai découvert il y a peu à travers l’activité quotidienne d’une amie, écrivain public. J’ai regretté de ne pas avoir fait cette rencontre plus tôt, car j’aurais pu alors conseiller ce métier à quelques-uns de mes étudiants de Khâgne lorsque j’étais encore en activité…
Pour exercer une telle profession, de nombreuses qualités sont requises qui nécessitent un engagement total de la part de celui qui choisit cette voie.
La première exigence est de posséder parfaitement la langue française, d’en connaître ses nuances et sa richesse, ce qui en soi est déjà une première gageure. Il s’agit d’abord de choisir le mot juste, d’être précis tant au niveau du vocabulaire, de la grammaire que de la ponctuation et de veiller à la cohérence de l’argumentation. Mais loin d’être un simple exercice de style, cette attitude face à la langue renvoie à l’essence même du métier d’écrivain public. En effet, pour pouvoir répondre aux attentes du client et exprimer avec la plus grande justesse possible ce qu’il désire, il importe de se glisser pour ainsi dire dans l’autre afin de comprendre du dedans sa vraie problématique. Cela suppose, en dehors de connaissances précises d’ordre historique, sociologique, psychologique, etc., tant le spectre des demandes est vaste et varié, des qualités d’écoute et d’humilité largement hors du commun. Sont aussi absolument nécessaires des dons d’organisation, des capacités à chercher et trouver un terrain commun afin de traduire la pensée profonde de l’autre et éventuellement de la défendre, ainsi que des prédispositions pour la médiation.
En effet, l’écrivain public joue souvent le rôle de tiers. Il est le lien vivant entre passé et présent quand il travaille par exemple à la rédaction de chroniques familiales ou le porte-parole de personnes qui s’engagent pour une cause. Dans ce contexte, il est capital de remarquer qu’il ne parle jamais à la place de l’autre, mais toujours en son nom.
Enfin, et ce n’est pas la moindre de ses qualités, l’écrivain public est celui qui sait faire preuve d’inventivité et d’une constante créativité. Prêter sa plume dans le respect de l’autre, certes, mais aussi savoir donner une couleur particulière à son écrit, lui apposer sa griffe en quelque sorte, tel est le petit plus de l’excellent écrivain public. Un métier riche de ses difficultés et de ses exigences, mais dont notre société ne peut se priver. […] »
Christine Gros