Il ne passe pas. J’ai beau avoir acquis de sérieux rudiments dans l’exercice du métier de rédacteur-conseil, me raisonner sur la réalité des enjeux, savoir qu’il n’y aura pas un public caché lorsqu’un rideau de page blanche se dévoilera devant mes yeux, rien n’y fait. J’ai beau avoir mis en place quelques petits rites, des « baguettes magiques », à la manière d’un héros de Muriel Barbery, dans l’Élégance du hérisson, avec par exemple, la présence rassurante de merveilleux stylos façonnés par les mains expertes de monsieur Choisy, toujours, il est là.
Je lui dis qu’il est un intrus, mais il persiste et signe. Nous cohabitons, mais il ne paie pas de loyer… Alors, un parasite… juste bon à rendre fébrile, à faire vaciller les compétences, à ébranler quelques certitudes ? Et si, fort à propos, ce truc, en quatre lettres : le trac, n’était là que pour instiller le doute dans l’action de corriger, pour obliger à vérifier dans les dictionnaires, consulter des grammaires ou… ma consœur Françoise Peters, à augmenter l’état de vigilance et de concentration lors d’une rédaction de récit de vie, à penser que toute prestation, toujours, est une première fois ? Un intrus ? Non, un ange gardien.
Sophie Gava, rédacteur-conseil