Certains(es) lecteurs (trices) trouveront sans doute injuste, voire incongru, que j’associe dans la même réflexion les adeptes de l’écriture inclusive (ex. « Fier.ère.s », outil graphique en faveur de l’égalité homme/femme) avec ceux qui nous imposent ad nauseam, à l’oral comme à l’écrit, ce que l’on nomme l’englobish (utilisation de l’anglo-américain). Car, tandis que les premiers se font les hérauts de la féminisation pointilleuse, les seconds – au nom de la modernité – deviennent les fossoyeurs de la langue française.
Alors, je vous invite, toutes affaires cessantes, à une exploration saisissante, celle du livre d’Alain Borer, De quel amour blessée, réflexions sur la langue française, éd. NRF, coll. Blanche, si pour vous « Une langue est une patrie » (Jacques Attali). Vous lirez ceci en p. 254 de cette ode à la langue française et à la liberté : « En anglais, le mot woman vient de wife, l’“épouse”, qui comporte le sens ancien de “voilé” ; à quoi s’ajoute ou se substitue man, l’“homme”… ; en anglais la femme est un homme voilé. »
Aussi, en associant les deux, n’ai-je peut-être fait que mettre l’accent sur l’une de nos contradictions : celle qui consiste à nous dissoudre dans une culture qui éclipse la femme, alors qu’en même temps nous prônons souligner sa présence.
Pouvons-nous en être fiers(es) ?
Sophie Gava, rédacteur-conseil